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Métropôle Aix Marseille Provence
19 décembre 2013

AIX LMARSEILLE, DE FORTE OPPOSITIONS ENCORE !

Paris, Lyon, Marseille, des ambitions à géométrie variable
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18/12/13 - Mis à jour le 18/12/13 - 17 H 42

Grand Paris, une naissance difficile

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Le quartier d’affaires de Nanterre-La Défense, en lisière de Paris.aldo soares /Vendredi

La métropole du Grand Paris devrait voir le jour le 1er janvier 2016. Après des années de débats autour de l’indispensable coopération entre Paris et les communes limitrophes, c’est la première fois qu’est créée une vraie structure de gestion intercommunale. « De ce point de vue, les Velib’ qui enjambent le périphérique sont allés plus vite que les élus ! », s’amuse Jacques Godron, président du club des entreprises du Grand Paris. Le projet prévoit donc que la métropole rassemblera la commune de Paris et l’ensemble des communes des trois départements voisins : Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne, absorbant ainsi la vingtaine d’intercommunalités existantes dans ces départements, soit une collectivité de 7 millions d’habitants et près de 4 milliards de budget.

Dans un premier temps, les compétences de ce Grand Paris concerneront essentiellement le logement, avec notamment la définition d’un plan d’urbanisme à l’échelle de la métropole. Ce qui devrait soulager Paris, à l’étroit dans ses frontières et disposant de peu de foncier disponible pour construire de nouveaux logements. Cela permettra aussi une meilleure péréquation financière entre territoires riches et territoires pauvres. « Celle-ci sera toutefois limitée puisque sur 100 % de recettes fiscales, la métropole devra en reverser 80 % aux territoires dont elles sont issues », décrypte Jean-Luc Bœuf, directeur des collectivités locales chez Bull, qui ne comprend pas par ailleurs que la grande couronne soit exclue du projet. « C’est une vision déjà dépassée du Grand Paris », estime-t-il.

Surtout, ce nouvel ensemble est loin de faire l’unanimité des élus des communes ou des départements concernés. Patrick Braouezec, président Front de gauche de la communauté d’agglomération Plaine Commune en Seine-Saint-Denis, comme Patrick Devedjian, président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, s’y sont – en vain – opposés, craignant, à terme, de disparaître dans la future superstructure. L’UMP de son côté l’a qualifiée par la voix de Valérie Pécresse de « monstre bureaucratique » rejoint en cela par Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate aux élections municipales à Paris

Les acteurs économiques regrettent quant à eux que le Grand Paris se résume aujourd’hui à une question de gouvernance. « L’attractivité de Paris souffre d’un manque de projet stratégique global, constate Jacques Godron. Le projet initial imaginé par Christian Blanc de pôles économiques s’est d’abord réduit à un projet de métro autour de Paris, et maintenant à un projet institutionnel. C’est sans doute une bonne chose de créer un échelon global, à condition que cela aboutisse à une simplification et non à créer un échelon supplémentaire. »

Lyon, l’aboutissement d’une histoire ancienne

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Vue generale sur la ville de Lyon.Stephane AUDRAS/REA / Stephane AUDRAS/REA

Le Grand Lyon existait déjà dans les années 1960. La métropole de Lyon prendra la relève au 1er janvier 2015 avec un budget avoisinant les 3 milliards d'euros et 8 000 agents contre 4 000 aujourd’hui. Le projet, particulièrement ambitieux, englobe le territoire de l’actuelle communauté urbaine de Lyon (58 communes et 1,29 million d’habitants).

 Concrètement, en plus de ses missions ordinaires, la métropole devra désormais gérer le réseau routier et l’action sociale, compétences jusqu’alors exercées par le conseil général du Rhône. « Cela permettra de réduire nos coûts de fonctionnement en mutualisant les services », assure Gérard Collomb, président (PS) du Grand Lyon. Elle pourra également construire des « parcours », poursuit l’élu, en gérant la scolarité de la crèche au collège et en prenant pleinement la main sur la politique du logement. « Aujourd’hui, nous construisons les logements sociaux et le conseil général s’occupe d’y installer les habitants, explique-t-il. Demain, nous réunirons l’urbain et l’humain. »

Pour le reste, la métropole devra signer avec l’État une convention lui déléguant les compétences auxquelles elle peut désormais prétendre, notamment l’aménagement des grandes infrastructures. Un accord devra aussi être passé avec les maires. En jeu, la mise à disposition de policiers municipaux, la création de nouveaux équipements, etc. Ce ne sera pas le plus facile, certaines communes refusant d’être « transformées en guichets d’une métropole lointaine et centralisatrice », résume Jean-Paul Bret, maire (PS) de Villeurbanne. Rien ne leur sera imposé, répond Gérard Collomb. Les champs d’intervention de la métropole et des communes seront délimités par une conférence métropolitaine et les futurs projets de l’agglomération passeront par le filtre des conférences territoriales, où siégeront également les maires.

Des interrogations subsistent concernant les nouvelles charges financières. « Nous ne savons toujours pas ce qu’il y aura dans la corbeille de la mariée », souligne François-Noël Buffet (UMP), chef de file de l’opposition au Grand Lyon. Un protocole financier doit être finalisé avant la fin de l’année prochaine avec le conseil général, qui se déleste de plusieurs dossiers sensibles, comme le suivi des 48 000 allocataires du RSA ou le dispendieux Musée des Confluences, à Lyon. Et une proportion – qui reste à déterminer – de la lourde dette départementale, pour moitié constituée d’emprunts toxiques.

Aix-Marseille, de fortes oppositions

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Vue aérienne de Marseille avec, au premier-plan, la basilique Notre-Game de la Garde. J. BOUSSAROQUE / ONLYFRANCE.FR

Composée de 98 communes et de 1,8 million d’habitants, la métropole Aix-Marseille Provence se substituera au 1er janvier 2016 à six intercommunalités (Marseille Provence Métropole, Communautés des Pays d’Aix, d’Aubagne et de l’étoile, de Martigues, Agglopole Provence et SAN Ouest Provence). Cette structure à fiscalité unique siégera à Marseille. Elle comptera 238 élus et un budget composé de dotations étatiques abondées par des taxes locales promises à harmonisation progressive sur douze ans. Une conférence métropolitaine des maires et un conseil de développement seront réunis pour avis.

La métropole exercera des compétences stratégiques (aménagement, développement économique, transports, environnement, gestion des déchets, logements). Des conseils de territoires géreront, eux, des missions de proximité encore à définir. Leur plan local d’urbanisme devra être approuvé par la métropole qui fixera des grandes orientations. Un commandement unique bienvenu, selon la chambre de commerce et d’industrie (CCI) Marseille-Provence : « Les intercommunalités démarchent chacune les mêmes pays, ce qui nuit à la visibilité du territoire à l’international. Interlocuteur unique, la métropole rendra le territoire plus attractif et plus efficace », estime la CCI. Elle nourrit les mêmes espoirs pour les transports, aujourd’hui gérés par dix autorités différentes, ce qui fait qu’« un salarié aubagnais n’accepte pas forcément un poste à Fos-sur-Mer car il lui faut changer plusieurs fois de bus dont les horaires ne sont pas toujours coordonnés ».

Pour Jean-Claude Gaudin (UMP), la métropole n’est que justice : « la richesse est située hors de Marseille, or c’est à Marseille que les gens viennent travailler, étudier, se distraire. Actuellement la ville supporte toutes les charges de centralité mais ne bénéficie de rien ». « Jusqu’à présent, chaque territoire a voulu ses logements, ses zones d’activités, ses centres commerciaux… Outre des économies d’échelle, la métropole permettra de bâtir un territoire plus cohérent », renchérit Eugène Caselli, président socialiste de la communauté urbaine de Marseille.

Reste que les présidents des cinq intercommunalités entourant la cité phocéenne et les 109 maires du département continuent de rejeter un projet qui les « ponctionnera » d’une partie de leurs ressources au profit d’un Marseille en difficulté. Vendredi 20 décembre, tous se retrouveront pour tenter de trouver un compromis lors de la seconde conférence métropolitaine, à Marseille.

CÉLINE ROUDEN avec BÉNÉVENT TOSSERI à Lyon et CORINNE BOYER à Marseille
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Métropôle Aix Marseille Provence
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